Salut !
Je vous écris ces mots depuis mon ordinateur à la maison. On est lundi 3 juin, la fenêtre entrouverte me permet de profiter du chant des oiseaux et de la luminosité (enfin) printanière. C’est mon premier jour off depuis quelques semaines (je donne cours ce soir donc techniquement je ne suis pas VRAIMENT off, mais bon…) et je dois dire qu’il tombe plutôt à pic. Mai a été mon mois le plus animé depuis longtemps et malgré la fatigue ressentie à certains moments, j’ai littéralement goûté avec ravissement chaque instant de ces trépidations.
Le mois a commencé par une grosse prestation traiteur lors du weekend de l’Ascension. J’ai préparé et livré les petits déjeuners, déjeuners, goûters et dîners pour 12 yogis sur 4 jours. Le rythme était sportif car les livraisons devaient se faire avant 13h tous les jours, mais j’ai adoré me replonger dans cet état de flow auquel je n’avais pas goûté depuis que j’ai arrêté la cuisine.
Puis, pour celleux qui n’ont pas suivi1, j’ai commencé le lundi 20 mai un nouveau job de cuisinière au sein du magnifique ryokan2 normand Namo. La semaine a commencé par l’accueil de deux groupes successifs de personnes, invitées par Jason et Alison à découvrir le lieu en avant-première. S’en est suivie notre toute première retraite signature (portée pour la partie yoga par Alexia) du jeudi au dimanche. Pour tous ces groupes, je suis en charge de préparer brunches, dîners et collations. Ce qui me demande pas mal de travail de recherche en amont pour la création de recettes, un travail que j’apprécie beaucoup !
Le mois s’est achevé par mon tout premier marché de producteurices pour lequel j’ai été invité par mes potes Laure et Christian de la Ferme ivilloise et au cours duquel j’ai vendu mes pâtisseries. On a eu froid, mais j’étais entourée de personnes très chouettes grâce à qui je n’ai pas vu le temps passer. Vivement le prochain marché !
Mes journées sont donc bien remplies dernièrement et je me rends compte à quel point j’apprécie d’avoir des objectifs quotidiens liés au travail. Je veux dire, les 6 dernières années ont été une énorme bulle d’air car lorsque j’ai décidé de quitter la restauration pour devenir prof de yoga, j’avais un profond besoin de temps. De temps libre. Voir ce que ça fait d’avoir du temps libre dans mes journées, d’avoir mes weekends (ou la majorité en tout cas), d’avoir le temps de faire des nuits plus longues. Et ces 6 ans ils ont vraiment été à la fois çà et à la fois aussi une perte progressive de motivation, de moteur et d’efficacité dans mon travail. Devenir auto-entrepreneure - notamment dans le milieu du yoga - cela a été pour moi synonyme d’énormément de solitude. Les rares fois où j’ai eu des “collègues”, il ne s’agissait que de prof de yoga qui enseignaient dans les mêmes studios que moi et que je croisais en coup de vent sans que pour autant il n’y ait de notion de travail collectif. Le seul moment en 6 ans où j’ai eu l’impression de porter un projet à plusieurs, c’est lorsque mon amie Marie et moi-même avons organisé une retraite de yoga ensemble (c’était début 2020 et j’étais enceinte de quelques semaines !) J’en garde encore d’émouvants et joyeux souvenirs !
Cela m’a beaucoup manqué, sans doute aussi parce que ce que mes 10 années en restauration m’ont appris, c’est la force du collectif ! Que ce soit avec une, cinq ou des dizaines de personnes, ce qui fait en partie la beauté de ce métier qui est si difficile, c’est qu’il y a une équipe qui porte le projet ensemble, qui se soutient, s’entraide et se tire vers le haut. Alors que je commence ce projet porté à plusieurs, je sens ce que ça créé dans mon corps et dans mon cœur de me dire que cette aventure est collective et non juste personnelle. Je touche cela du doigt et je sens immédiatement les effets que ça fait dans mon cœur, dans mon ventre. J’ai des papillons dans le ventre. Pour ça et des tas d’autres raisons, notamment ce que j’évoquais plus haut : avoir des journées bien remplies, motivantes, galvanisantes même. Je sens cette émulation depuis le début du mois de mai, je créé à plusieurs et cela me rend profondément heureuse et bien plus remplie que quand je fais cela toute seule.
En parlant de choses pensées à plusieurs et qui me rendent heureuse, il y a cette résidence de création que j’ai co-créée avec mon amie Isabelle Aureau et pour laquelle je trépigne d’impatience. Je vous invite à cliquer sur l’image pour en savoir plus et si vous souhaitez vous inscrire, envoyez-moi un mail ! Il reste encore 6 places :)
Et sinon pour aborder la ligne éditoriale (lol) de ces Carnets, je pense qu’elle va naturellement se modifier légèrement au gré de mes péripéties. Il est probable que je parle un peu moins de yoga et que j’aborde plus en profondeur tout ce qui touche à l’acte de nourrir. J’ai suspendu indéfiniment les abonnements payants car je n’ai plus vraiment le temps ni l’envie d’enregistrer des cours de yoga (je préfère de loin me réserver pour mes cours “en vrai”) et aussi car j’estime ne pas avoir assez de “matière” à faire payer. Merci à celles qui m’ont soutenu financièrement cette année, je vous en suis infiniment reconnaissante !
Des choses vues, lues et entendues
Pour terminer, je voulais partager avec vous les trucs que j’ai aimé dernièrement.
On commence par deux podcasts : Business of Bouffe qui est un média 100% dédié aux coulisses de la bouffe et qui est hyper varié. Dernièrement, j’ai adoré leurs longues interviews d’Alain Passard et de Céline Chung qui est la fondatrice des restaurants parisiens Bao (des restau de grande qualité que je vous conseille +++). Je vous conseille également le podcast A Poêle créé par Julie Gerbet et qui met à nu les chef.fes de cuisine. La dernière conversation que j’ai trouvé la plus inspirante était celle avec Alice Tuyet du groupe Daimant Collective. Elle y parle d’entreprenariat et surtout de sa manière d’envisager la création culinaire (végétale en ce qui la concerne). Passionnant !
J’ai lu pas mal de choses, voici ce qui a le plus retenu mon attention : Les orageuses de Marcia Burnier, qui est un roman assez dark mais jubilatoire sur un groupe de femmes victimes de violences sexuelles qui décident de ne plus laisser passer les abus. Funérailles célestes de Xin Ran était une plongée dans le Tibet et la Chine des années 1950 à 1990. Un roman sur l’amour, l’amitié, les chocs culturels et la mort. J’ai aimé trouver dans une librairie lyonnaise cette BD sur la vie de Vivian Maier, une photographe totalement inconnue de son vivant et qui m’émeut beaucoup depuis que j’ai appris son existence il y a… 2 ou 3 ans? Bon, les dessins sont vraiment minuscules je trouve et c’est dommage car on aimerait mieux en profiter ! Enfin, je suis sur la fin du roman Sol par Raluca Antonescu que j’avais découverte au micro de Marcia Burnier3 justement, et je sens que les personnages vont me marquer longtemps. Il s’agit d’un roman qui parle d’exil, d’intégration, de choc des cultures (encore), de mort et encore et toujours d’amour.
Dans mon prochain carnet, je vous parlerai de sirop de sureau, de boisson rafraichissante à l’asperge et au safran, de boutons de rose qui tombent amoureux d’éclats d’amandes et de pistaches. Bref, je vous ferais saliver (j’espère). Restez branchées !
Amicalement,
Marie
J’en parlais en janvier dans ma lettre fourre-tout #2
Les ryokan sont des auberges traditionnelles et typiques du Japon, souvent constituées de matériaux naturels type bois, bambou etc.
Marcia Burnier a enregistré 4 épisodes en 2023 de son podcast “T’écris quoi en ce moment?” et toutes ces conversations étaient super !